Réponse à un reporter ayant traité mon époux d’assassin

Publié le 28 juin 2024 à 11:56

Monsieur,

 

Hier, vous vous êtes adressé à moi et avez traité mon époux Vladimir Putin d’assassin en parlant de massacres d’enfants en Ukraine.
Laissez-moi vous dire que si vous pensiez vraiment vos paroles alors que vous êtes reporter, vous devriez mieux vous renseigner sur le système russe. Je vais trop vite. Vous ne saviez pas qui je suis ? Je me présente donc. Je m’appelle Martine Dessénius, Tina Tchernenko en Russie et depuis le 25 avril 1984, je suis l’épouse de Vladimir Putin. Je suis donc jusque fin de cette année, première dame de Russie. Je suis en plus Vice-Présidente de Russie. Je vous ai déjà dit hier que je fais partie du Conseil russe afin de vous apprendre que ce n’est pas Vladimir Putin qui prend des décisions mais le Conseil dont je fais partie. Lui signe uniquement s’il est d’accord mais c’est nous, au Conseil, qui après délibération de la Douma, prenons une première décision. Aussi, s’il y avait eu, comme vous le reprochez à mon époux, ordre de massacrer volontairement des enfants et des femmes en Ukraine, c’est le Conseil qui serait le premier responsable. Mon époux aussi car il aurait signé mais nous en premier. Si un tel projet venait sur la table du Conseil, notre rôle serait de nous dire qu’une telle décision, en plus d’aller contre les droits de l’homme, en plus d’être cruelle, irait contre la reproductivité de l’espèce humaine et il ne passerait pas. J’ai lu dans la presse que Vladimir Putin avait signé l’acte d’invasion de l’Ukraine en 2022. Il n’en est rien. Nous n’en avons même pas parlé au Conseil. Au contraire, actuellement, la situation en Ukraine n’a jamais été aussi calme. Vous qui m’avez dit être reporter, dites-le partout au lieu de nous abreuver avec de telles fausses nouvelles.

 

Vous m’avez demandé si j’aimais Vladimir Putin et ce qu’il fait pour parler ainsi. Evidemment que je l’aime. Si vous demandiez à l’épouse d’Elio di Rupo si elle aime son mari, je suppose qu’elle dirait comme moi que oui et ce, malgré les ragots qui courent sur lui et les difficultés qu’eux 2 ont rencontrées durant sa carrière politique. Vous vous trompez. Je ne suis pas obligée de penser comme le Kremlin. Je fais partie du Conseil et donc, c’est mon devoir de pointer du doigt ce qui ne va pas et dire « Niet » si je ne suis pas d’accord, comme quand j’étais députée à la Douma et que quelques ministres voulaient transformer notre démocratie en une dictature. Tout l‘hémicycle s’est levé en criant « niet », « dehors » en français car le premier ministre qui introduisait illégalement un tel projet nous venait de Belgique. La Russie n’est pas un Etat totalitaire comme on le croit en Occident mais une démocratie où le référendum existe. C’est nous, au Conseil, qui décidons quel référendum est organisé mais il va de soi que si, une majorité de citoyens demandait un référendum que nous n’avions pas prévu, si nous estimons qu’il est nécessaire, nous l’organiserions. Ainsi, moi je pense (vous voyez, je me permets de parler sur mon blog d’un sujet non débattu au Conseil) qu’étant donné que nous avons proposé à l’Ukraine de devenir indépendante et que son président Mr Zelensky a accepté, il serait judicieux d’organiser un référendum à ce sujet en Ukraine afin d’avoir l’avis de la population.

 

Ce n’est pas si simple que ça. De l’Occident, on voit un ancien Etat indépendant, l’Ukraine, devenu territoire russe lors d’une guerre, et depuis, réclamant à nouveau son indépendance. Enfin non, depuis, râlant sans arrêt sur la Russie dans tout. C’est à un tel point que, quand je parle de mon ami décédé Alexeï Navalny, je le dis râleur comme tout bon ukrainien. On les voit tellement râler sur tout que c’est devenu un stéréotype du caractère ukrainien. Quand il fut pensionné, un peu après moi, on lui a proposé une place au Conseil russe. Il a refusé. Vous pensez ! Il n’aurait plus pu râler par après car il aurait pu donner son avis avant la prise de décision. Toute l’Ukraine est ainsi. Quoi qu’on fasse pour eux, ils râlent. Et nous, en Russie, même s’ils râlent sur tout, même si on lit dans la presse, pis que pendre sur nous, même si on nous traite d’assassins, étant donné que l’Ukraine est encore russe et que la Crimée gère seule son territoire, dès qu’il y a heurt entre ces 2 régions, afin de protéger l’Ukraine, nous sommes obligés d’intervenir. Et si cela se passe, nous sommes accusés par l’Occident d’invasion. C’est à un tel point que j’en ai eu tellement marre d’être accusée à tort, qu’on a analysé ce que l’Ukraine nous apportait en blé etc et qu’au Conseil, on s’est dit "tant pis, qu’ils redeviennent indépendants !" Alexeï vivait encore lors des premières analyses et au lieu d’être heureux (c’était ce qu’il avait toujours voulu), il a claqué la porte. Tout d’un coup, ça n’allait plus. On les lâchait. Même les taxes qu’ils doivent nous payer ne posaient pas problème finalement, c’est nous la Russie qui n’avons pas de patience, même le système économique était bien subitement (maintenant, ils allaient devoir trouver de nouvels acheteurs pour leur blé etc), ils n’allaient plus bénéficier des apports des accords de Minsk et de leurs modifications… Et ici, en Occident, on marche là-dedans. Monsieur, vous avez traité hier mon mari d’assassin mais moi qui vous écris, quand j’ai vu des corps morts, horrible mise en scène devant servir à des articles de vos confrères, j’ai pleuré dans les bras de Charles Michel venu sur place. Vous, vous vous contentez d’en écrire des articles. Tout ce qu’on peut lire dans la presse à propos de l’Ukraine n’est que mise en scène, mais mise en scène réelle (ce ne sont pas des corps de la morgue, ils tuent pour ça.) Par contre, la vraie situation de cette région n’est jamais évoquée. On ne lit nulle part qu’il y a depuis des années une épidémie de choléra, que les hôpitaux en Ukraine sont inutilisables à cause de cette bactérie, qu’on ne peut pas permettre à l’Ukraine d’utiliser ceux des autres régions sinon on perd tous les hôpitaux, qu’afin d’éviter une propagation radicale, on est obligés de brûler les corps malgré les larmes et les reproches des familles.

La Russie est une fédération. Elle est composée de régions. Vous devez comprendre, Monsieur, que nous ne pouvons faire plus pour une que pour l’autre. L’Ukraine est déjà avantagée car elle a un gouvernement.

 

Hier, vous m’avez dit vouloir écrire à mon époux. Laissez tomber le livre que vous avez emporté. Il comprend le français. Par contre, il n’est pas certain qu’il recevra votre lettre. Nous avons un service de sécurité qui lit le courrier. Ne lui envoyez rien de périssable. Depuis quelques années, nous jetons les cadeaux genre pralines, biscuits automatiquement par mesures de sécurité. Je vous donne l’adresse du FSB à Moscou.

     FSB

     Большая Лубянка, 2

     Москва, 107031.

Surtout, écrivez bien le code postal après la ville et non avant, sinon le courrier n’est pas trié et est renvoyé.

 

 

Martine Dessénius

Présidente de Russie

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.